24/05/2011 - Le Soleil - Pierre Olivier Fortin - Des résidants de Charlesbourg s'opposent à la construction d'un immeuble de 195 logements

(Québec) Des citoyens du quartier Maria-Goretti à Charlesbourg partent en croisade contre la Ville de Québec qui étudie une demande de modification de zonage pour permettre la construction, au beau milieu d'un quartier résidentiel, d'un immeuble de rare dimension à Québec : 195 logements sur six étages.

Pour fins de comparaison avec un autre projet récent, les immeubles des Jardins de Vérone, le long du boulevard Robert-Bourassa, au nord de Chauveau, comptent chacun autour de 150 logements, aussi sur six étages.

L'arrondissement de Charlesbourg tient mardi soir une séance de consultation publique sur le projet, selon lequel l'église Sainte-Maria-Goretti, construite en 1966, serait détruite et remplacée par un immeuble de condos d'une hauteur pouvant aller jusqu'à 20 mètres, et qui occuperait pratiquement tout le bloc, à l'angle du boulevard Cloutier et de l'avenue Trudelle.

Pascale Guelle y sera, avec une pétition d'une centaine de noms en main, qu'elle a fait signer hier. Sa maison serait juste en face de l'immeuble. «Quand on va regarder par les fenêtres de nos maisons, on va avoir un mur, genre mur de Berlin, en fait!» En plus de l'ampleur du projet, elle dénonce l'attitude de la Ville qui, selon elle, essayait de mettre les résidants devant le fait accompli.

Elle assure toutefois qu'elle n'est pas contre tout projet et contre toute densification. «J'ai rien contre un développement ici, mais un développement à taille humaine! C'est qu'on est dans un quartier résidentiel et si on regarde autour de nous, le maximum, c'est trois étages.»

Les voitures dérangent

Ce n'est pas tant les personnes qui l'inquiètent, mais plutôt les voitures. «Je trouve que c'est inhumain, six étages, 195 logements. On va être conservateur, 250 autos de plus par jour», avec tous les problèmes de stationnement et de circulation que cela comporte. Elle souligne qu'une école primaire se trouve juste à côté.

Pour elle, un tel immeuble jurerait dans le paysage. «Partout on parle de ça, qu'il faut que les nouveaux bâtiments s'harmonisent dans le développement qui est construit. Pourquoi ici il faut qu'ils nous imposent quelque chose comme ça?» demande-t-elle.

Principe de densification

Sylvie Michaud, dont la cour arrière serait exposée aux regards des occupants de l'immeuble, faisait la tournée des maisons avec Mme Guelle, hier. D'abord, elle craint que sa maison ne perde de la valeur. Et si elle comprend le principe de la densification préconisé par la Ville, elle est d'avis qu'il ne s'applique pas à son quartier. «On les a déjà tous les petits services qu'on veut... On a une école, un parc qui a été aménagé, un terrain de soccer... Nos dépanneurs, on les a, je ne vois pas ce qu'ils veulent développer de plus.»

Mais c'est justement ce que souhaite la Ville : «On veut densifier proche des artères [l'autoroute Laurentienne est tout près], surtout s'il y a des services à proximité», expose le porte-parole François Moisan.

L'église désacralisée, propriété de la fabrique de Saint-Charles-Borromée, est occupée par différents services communautaires.

Le marguiller Jacques Massicotte explique au Soleil que la fabrique négocie depuis plusieurs mois avec un promoteur intéressé à acheter le terrain au coût de près d'un million de dollars. La fabrique et le promoteur travaillent ensemble afin que la Ville adopte la modification de zonage, qui viendrait donner le coup d'envoi à la fois à la transaction et au projet.

Il a assisté à une présentation du promoteur, qu'il n'ose pas nommer en raison des négociations. «C'est un projet qui semble intéressant, quelque chose de bien, assure-t-il, un investissement de plusieurs millions.» Il s'agit effectivement d'environ 200 condos de moyen à haut de gamme, dans un seul immeuble, atteignant six étages. Une partie de la toiture de l'église actuelle serait intégrée à la nouvelle construction.

Il admet que le projet «va amener un peu plus de circulation, mais on ne parle pas d'un projet n'importe comment. C'est bien structuré, bien planifié, et ça va respecter le milieu», renchérit le marguiller

Le soleil | BAnQ numérique

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